2023 : nos voeux pour un affichage environnemental porteur de sens

20 avril 2025

Sous l’égide du Défi, l’UFIMH a conçu de manière collaborative l’une des 11 méthodes actuellement en lice pour l’affichage environnemental des vêtements, linge de maison et chaussants. Il sera en principe règlementé et rendu obligatoire au cours de l’année nouvelle. A date, voici des éléments de nos retours d’expérience et l’expression de nos convictions les plus robustes.

L’année 2022 a été, pour tous nos métiers, trépidante. Avec notamment, la révision du cahier des charges REP (responsabilité élargie du producteur) qui, clairement, vient rebattre les cartes. Y figure des spécifications qui engagent nos filières à plus d’éco-conception et de circularité que par le passé.

Avec aussi, côté consommateur, un engouement sensible pour la seconde main à la fois pour des raisons de pouvoir d’achat en berne et de conscience écologique en hausse.

Avec enfin, un ensemble de textes tout azimut concoctés au plan européen et, tel un chapelet, égrenés tout au long de l’année 2022

  • 👉 discussions au plus haut niveau politique de l’UE autour du projet de directive inspirée de la loi française sur le Devoir de Vigilance ;
  • 👉Pacte vert européen avec des « warnings » avancés par la Commission européenne qui ont scandé 2022 et l’annonce d’un imminent REPD (règlement sur l’éco-conception pour des produits durables).

Plusieurs projets de réglementation européenne donc, qui se précisent au fil des mois, «encapsulent » nos activités et, parallèlement, font émerger des normes et dispositions sectorielles qui ciblent spécifiquement nos filières… Sans oublier :

  • 👉 le Traité international sur les pollutions plastiques dont le processus pourrait aboutir au printemps 2023 à Paris ; du moins telle est l’ambition de nos ministres de tutelles, apparemment ! Or, à cette aune, le relargage de certaines micofibres textiles est problématique : c’est l’un des principaux hotspots identifiés, dans nos activités.

📜 Bref, un long « train de mesures » qui s’emboîtent comme des poupées russes, à une cadence soutenue, est annoncé ; et sans doute le législateur français a-t-il voulu l’anticiper, avec (notamment) la loi AGEC.

Un contexte règlementaire chargé, notamment porteur d’une étiquette spécifique dont la concrétisation oblige, à plus ou moins long terme, nos filières dans leur ensemble.

De quoi donner bien « du fil à retordre » ! Mais sans nous prendre au dépourvu à l’UFIMH, car cela fait déjà quelques années que nous nous mobilisons pour augmenter notre expertise sur les diverses composantes de la RSE (responsabilité sociétale de nos entreprises), développée par exemple à la faveur de nos Ateliers Engagés RSE.

🔦 Et, en matière d’étiquette destinée à éclairer le client final sur le caractère écoresponsable de nos articles, nous avons aux côtés du Défi formalisé et remis à l’Ademe en septembre dernier, l’une des 11 méthodes qu’elle expertise actuellement, et ce jusqu’à la mi-2023 en principe. Soit, l’écodesignscore (EDS) co-élaboré et testé par les principaux metteurs en marché d’articles de mode que nous sommes.

Deux témoignages illustratifs, comme exemples d’un retour d’expérience riche d’enseignement

  1. « Par conviction et désir de mieux communiquer sur nos produits -les vêtements d’image-, conformément à notre état d’esprit à la fois créatif et responsable, nous avons cherché à tester l’étiquetage environnemental, de manière volontaire », explique Dorothée Dufour-Hoofd, directrice Technique et Responsable RSE de Création & Image Paris. Cette PME de 20 personnes que dirige la vice-présidente de l’Ufimh, Claire Besançon, n’est pas assujettie, en tant qu’entreprise B to B, à cette disposition de la loi AGEC. « Nous nous sommes intéressées tout d’abord à la méthode du PEF avant de découvrir l’EDS qui nous a semblé plus accessible, avec des résultats cohérents à la clé» poursuit-elle.

L’EDS est une méthode « PME compatible » témoigne Dorothée Dufour-Hoofd, tout en soulignant l’indispensable accompagnement nécessaire à ce type d’exercice, tant en compétence qu’en temps. Création & Image Paris, qui conçoit, fabrique et distribue des vêtements d’image a testé l’EDS entre février et septembre 2022 sur trois articles emblématiques de ses gammes :

  • Une veste
  • Une jupe
  • Une écharpe

Implication n°1, témoigne-t-elle : « remonter la chaîne de valeur en quête des informations » qui vont permettre d’établir la « carte d’identité du produit ». Parmi lesquelles : le % de matières recyclées et/ou certifiées ; la consommation d’eau des usines de production, leur mixénergétique. Les items à renseigner sont aussi le taux de circularité, la biodégradabilité ; les informations requises portent également sur le lavage et ses impacts. « Certains fournisseurs jouent le jeu ; tous n’y sont pas encore prêts» constate encore cette ancienne responsable des Achats. « La méthode de l’EDS nous aide à structurer les informations à demander à nos fournisseurs ». Des informations utiles à plus d’un titre puisque qu’elles se retrouvent aussi, peu ou prou, parmi les critères des appels d’offres auxquels répond Création & Image Paris: « Tout se tient » estime Dorothée Dufour-Hoofd.

Pour relever les défis, il faut des chaines de valeur… disert ! 

Soyons réalistes, « c’est un travail éclairant, qui demande du temps et une certaine expertise». Vraisemblablement, pour progresser, une solution informatique telle qu’un ERP prenant également en charge les informations relatives à la traçabilité et à l’empreinte environnementale des produits ne serait pas superflu ; le fichier excel est pratique, mais avec des limites, relève Dorothée Dufour-Hoofd.

Toutefois, à l’issue de l’expérimentation (dont le sort final va dépendre du comparatif actuellement en cours à l’Ademe), pérenniser l’habitude enclenchée avec cette expérience lui paraît hautement souhaitable : quand « le pli est pris », la demande d’information récurrente auprès des fournisseurs devient réflexe, la démarche s’installe dans la durée, et les choses se font plus aisément.

  1. Autre exemple : chez Getex que dirige la Présidente de Mode Grand Ouest, Sophie Pineau. L’expérimentation de l’EDSa été réalisée sur sa marque propre, So&J. « Le fabriquant n’a pas la main sur l’étiquette ; la marque si. » relève-t-elle. En l’occurrence, c’est « une marque confidentielle, avec une collection courte -3 à 4 modèles /an-, née de notre volonté de réutiliser les fins de rouleaux ou des restes de production sur des tissus que nous avons achetés, notamment ». L’expérimentation de l’EDS, entre janvier et septembre 2022 a précisément concerné trois types de vêtements :
  • Une doudoune
  • Un blouson
  • Une parka

Première étape, selon Sophie Pineau : disposer des fiches techniques de chaque composant du modèle, en principe détenues par le fournisseur ; or « pour les matières que l’on récupère -dans le but louable de lutter contre les déchets inutiles-, il est rare qu’elles existent car c’est une exigence relativement récente » note Sophie Pineau. Comment, malgré ce handicap, valoriser tout de même la réutilisation dans les scores de l’étiquette fait partie de ses préoccupations.

En phase « prototype »: peser chaque composant de l’article s’impose. Voilà qui n’était pas courant jusqu’ici ! Il faut s’organiser et y penser. Pour tirer au clair la durée de vie vie d’un produit, des tests sont requis -ils sont coûteux, surtout s’agissant d’une collection courte, et « confidentielle » signale la dirigeante.

Comme Dorothée Dufour, Sophie Pineau plébiscite le fait d’être accompagné(e) : « on est au début d’un exercice précis, qui requiert parfois des données difficiles à appréhender -par exemple pour mesurer la circularité-, et aussi, qui implique de co-opérer avec des réseaux (de réparation, collecte-tri-recyclage) parfois émergents sur notre territoire » atteste-t-elle.

Une chaîne de valeur est aussi forte que le plus faible de ses maillons

Guillaume de Seynes, dans le Rapport  « Relocalisation et Mode durable »

Comme nos retours d’expérience le montrent, l’EDS est tributaire de la transparence, de la coopération au sein de nos écosystèmes. Il est en ligne avec de nouvelles opportunités de marché, et aussi de « résilience » pour nos filières parfois trop fragmentées, au risque de « flancher »… Il s’agit de reconnaître et pratiquer une certaine solidarité, revitalisante, entre les maillons de nos chaines de valeur. Le « tissu » économique gagnera en robustesse et nos efforts n’auront pas été vains. A condition de ne pas se tromper de méthode !

L’EDS est pragmatique ; en ligne avec les préconisations de la stratégie européenne, il accorde une place éminente à l’éco-conception, et n’encourage pas le recours à des repères abstraits arbitrairement moyennés comme les promoteurs de l’ACV sont trop souvent enclins à le faire…

L’éco-conception, pierre d’angle de la transition attendue

L’éco conception met les équipes d’une marque de mode dans l’action, après définition des valeurs à défendre. Elle favorise l’éclosion d’un vrai projet d’entreprise pour donner du sens et co-construire une mode durable ; l’ACV ne fait que constater et n’entraîne pas forcément vers un changement de pratique, comme je l’ai écrit en réponse à un autre post.

Nous ne sommes pas de simples « figurants », dans l’évolution que la société appelle de ses voeux. Comme vient de le rappeler un document de l’UE intitulé Stratégie pour des textiles durables et circulaires :

Des champions de l’économie circulaire en puissance ?

📌 « Les vêtements représentent la majeure partie de la consommation textile 🇪🇺 (81 %), la tendance à une utilisation toujours plus brève des vêtements avant de les jeter est ce qui contribue le plus à des modèles de surproduction et de surconsommation intenables. Cette tendance, connue sous le nom de modeéphémère, pousse le consommateur à acheter des vêtements de qualité inférieure à bas prix, produits rapidement, pour réponse à la dernière mode. Bien que le prix des vêtements dans l’Union ait diminué de plus de 30 % par rapport à l’inflation entre 1996 et 2018, les dépenses moyennes des ménages pour l’habillement ont augmenté, indiquant que ces modèles insoutenables n’ont pas permis à la population de bénéficier pleinement des possibilités d’économies correspondantes. De plus, la demande croissante de textiles alimente la consommation inefficace de ressources non renouvelables, notamment la production de fibres synthétiques à partir de combustibles fossiles ».

Nos produits sont vus comme importants : ils sont intimement liés au quotidien des européens, et au-delà. Nul ne conteste que cela compte. Ce qui est fustigé, c’est (même source) :

En finir avec « Prélever, Fabriquer, Jeter » (modèle « linéaire » vs « circulaire »)

📌 « Le modèle linéaire sur lequel repose le secteur textile, qui se caractérise par de faibles taux d’utilisation, de réemploi, de réparation et de recyclage des fibres en boucle fermée, et qui, le plus souvent, ne fait pas de la qualité, de la durabilité et de la recyclabilité des priorités pour la conception et la fabrication des vêtements. Le rejet de micro-plastiques à partir des textiles et des chaussures à toutes les étapes de leur cycle de vie » est l’un des symptômes problématiques. Pas le seul, hélas : « la chaîne de valeur mondiale du textile, complexe et diversifiée, se heurte à des problèmes sociaux, en partie sous l’effet des pressions visant à réduire les coûts de production afin de répondre à la demande des consommateurs de produits à des prix abordables. Le travail des enfants dans l’industrie de l’habillement est une source de préoccupation majeure« .

Face aux défis, jouer un rôle déterminant : on sait faire !

📌 « Dans l’Union, le secteur du textile et de l’habillement est important sur le plan économique et peut jouer un rôle déterminant dans l’économie circulaire. Il représente plus de 160 000 entreprises, emploie 1,5 million de personnes, et a généré 162 milliards d’euros de recettes en 2019. La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions négatives sur le secteur ; (…) durant la pandémie néanmoins, l’écosystème textile a fait preuve de ressources et d’ingéniosité en réorientant les lignes de production en un temps record pour fournir des masques et d’autres équipements de protection, qui étaient grandement nécessaires », notamment -cela n’a pas échappé aux rédacteurs de la Commission Européenne.

A nous de marquer l’essai ! Relever avec créativité les défis qui nous sont posés, à la faveur du changement des modèles d’affaires que tant les clients finaux que les pouvoirs publics attendent, tel est le voeu que je forme et nous adresse, collectivement.

Bien sincèrement,

Sylvie ChaillouxPrésidente de l’UFIMH et du GFF

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L’entretien du mois : Sylvie Chailloux Directrice Générale Textile du Maine, vice-présidente UFIMH

« C’est au salon Made in France que se prépare l’avenir de nos entreprises » A l’occasion de l’ouverture du salon Made in France qui se déroulera les 2 et 3 avril au Carreau du Temple, Sylvie Chailloux analyse la dynamique actuelle du secteur mode et ses prochains défis, rappelant également le rôle clé de cet événement dans la promotion des savoir-faire français. Quels sont les objectifs du secteur mode pour 2025 ? Ils concernent tout d’abord l’innovation qui doit s’imposer tout au long de la chaîne de valeur. Des efforts ont été fournis dans les domaines du marketing et de commerce mais il reste, notamment, beaucoup à faire dans celui de la fabrication. Par ailleurs, il est essentiel d’améliorer l’organisation des échanges à l’intérieur de la filière, par exemple au niveau des approvisionnements de tissus qui manquent de fluidité. La transformation numérique et l’intelligence artificielle peuvent apporter des réponses rapides et pertinentes à ces questions. Autre défi, celui de l’écologie. Dans un contexte de forte concurrence internationale, la transition écologique est plus difficile à mener mais elle doit rester un objectif. Nous allons observer les effets de la prochaine mise en œuvre volontaire de l’affichage du coût environnemental qui, on l’espère, va réorienter les consommateurs vers une mode plus durable. Dans tous les cas, les marques ont intérêt à valoriser davantage leur démarche car elle constitue une vraie différenciation aux yeux des consommateurs. Enfin, le sujet de la fin de vie des vêtements s’invite dans l’actualité. Nos législateurs auront à assouplir les règlementations car nous ne disposons pas des capacités nécessaires pour appliquer les dispositions votées. Il faut soutenir les actions autour du recyclage et communiquer davantage autour des dangers de la surconsommation. L’Ufimh oeuvre auprès des parlementaires pour être entendue sur ces sujets. Quelles sont les priorités dans les 3 prochaines années ? Les marques françaises auront à gérer un ralentissement durable avec les USA et à réinvestir le marché européen, avec une sorte de European First. Toutefois, l’export hors Europe n’est pas condamné et l’offre française doit valoriser sa créativité pour maintenir ses positions. Nous devrons également poursuivre nos investissements en termes de transition écologique, en espérant que les consommateurs ralentissent leur compulsion d’achat sur les sites chinois qui devraient être impactés par la loi anti fast-fashion, si nos parlementaires prennent la mesure des enjeux. Je reste persuadée que l’engagement vers une mode plus responsable est notre avenir et je rappelle l’intérêt de la démarche des Ateliers Engagés, portée par le GFF, qui constitue un atout clé pour aider les fabricants dans cette transformation. Celle-ci accompagne les entreprises dans une démarche RSE de façon personnalisée, de façon à leur permettre l’obtention du label Les Ateliers Engagés qui atteste des bonnes pratiques et se révèle très précieux d’un point de vue commercial, et en matière de recrutement. Enfin, les fabricants doivent consolider leur modèle dans le secteur du Luxe tout en s’ouvrant à une diversification pour automatiser les process et réduire leurs coûts sur les marchés de volumes. Nous sortons d’un cycle « prospère » post-covid. Chacun doit repenser son offre, identifier son expertise et cibler ses services, c’est à dire réinterroger son modèle pour l’aligner avec la demande à venir. Quel rôle joue ce salon dans le rayonnement du savoir-faire français ? Il est le rendez-vous incontournable pour identifier l’offre de l’industrie française. Les entreprises (une centaine) qui exposent ici sont toutes des résilientes face aux vents contraires de l’internationalisation du sourcing. Elles ont une histoire et des valeurs qu’elles défendent. Par leur visite, nos clients témoignent de leur attachement à ce modèle même si la période est plus compliquée. Ces visiteurs ont un réel projet et un intérêt pour notre savoir-faire. Ce Salon génère des rencontres qui se transforment en affaires parfois, mais sur le temps long. Contrairement à d’autres salons, on ne repart pas de Made in France avec un carnet de commandes mais on enrichit son réseau. C’est ici que se prépare l’avenir de nos entreprises. *Sylvie Chailloux. Directrice Générale Textile du Maine, administratrice du groupement professionnel Mode Grand Ouest, co-présidente du Groupement de la Fabrication Française, vice-présidente UFIMH. https://www.textile-du-maine.com/  

L’IFM : une école d’excellence pour les métiers techniques de la mode

Depuis sa fusion avec la chambre syndicale de la Haute Couture, l’Institut Français de la Mode a donné un nouvel élan à des formations techniques, alliant désormais savoir-faire français et technologies modernes. Zoom sur ce renouveau avec l’enquête menée par la Maison du Savoir-Faire et de la Création. Dans la mode, les collaborations permettent souvent de réunir le meilleur des deux partenaires… On pourrait en dire autant dans l’univers de la formation si l’on en juge par la fusion très fructueuse réalisée en 2019 entre l’Institut Français de la Mode (IFM) et l'École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, deux institutions réputées mondialement. La première, créée en 1986, avait pour vocation initiale de préparer les futurs managers de la mode, y compris en matière de création. La seconde permet depuis 1927 d’acquérir les bases techniques de la Haute-Couture au sein des grandes Maisons autant que les techniques de modélisme, de fabrication, de finitions et de mise en forme nécessaires aux ateliers de confection français. La fusion de l’IFM et de l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne a abouti à une combinaison unique au monde. “Nous sommes la seule école de mode au niveau mondial à réunir sur le même campus ces trois piliers que sont le management, la création et les savoir-faire techniques”, souligne Sylvie Ebel, la directrice générale adjointe de l’IFM. Tournant moderne Les formations techniques issues de la Chambre Syndicale ont tiré parti de ce rapprochement. Elles “ont pris un tournant un peu plus moderne avec l’IFM, explique Blenda Clerjon, la directrice des programmes pédagogiques du CAP et BP, professeure et référente du Bachelor of Arts in fashion Design de l’IFM. Nous avons gardé les origines très importantes de la Chambre syndicale, conservé l’héritage et sa transmission du savoir-faire français et nous lui avons redonné une dimension plus actuelle, grâce à une équipe jeune et dynamique”. Cette mise à jour des enseignements a bénéficié aux deux formations historiques en alternance, mises en place dès 1927, délivrant des certificats d’aptitude professionnelle. Soit le CAP Métiers de la mode (niveau trois), qui forme les couturiers, mécaniciens monteurs et prototypistes et le Brevet Professionnel (BP) Vêtement sur mesure (niveau quatre), “permettant d’acquérir une haute technicité en confection de vêtements sur mesure” nécessaire aux premières mains et aux modélistes/toilistes. Deux nouveaux cursus Preuve de l’intérêt que suscite la Couture, le cursus technique s’est étoffé avec l’adjonction de deux nouvelles formations : en 2019, un Bachelor Modéliste Concepteur (BMC) dont le programme innovant (niveau 6) est proposé sur trois ans en alternance puis, en 2023, un CAP Couture Post-bac en 1 an. "Cette formation accélérée à plein temps permet de découvrir les métiers de la couture et a l’avantage de s’adresser aussi bien à des personnes en réorientation (fin de carrière ou en cours d’études) qu’à des étudiants étrangers possédant un équivalent du baccalauréat, désireux de se former aux savoir-faire français et de rejoindre l’IFM”, précise Blenda Clerjon. A tous les niveaux, un même constat d’excellence se retrouve, celui-ci se traduit par des taux de réussite et de placement exceptionnels. Entre 98% des 45 étudiants de CAP et des 20 étudiants du BP sortent diplômés. Des taux attestés par l’Etat, chargé de la correction des examens. Le taux d’insertion professionnelle est proche, pour sa part, de 85% dans les six mois qui suivent la fin des formations. 170 entreprises partenaires Ces statistiques sont d’autant plus satisfaisantes que l’IFM a gagné la confiance et la fidélité de nombreuses entreprises françaises, soit environ 170. Le panel s’étend des plus grandes Maisons de luxe, comme Dior, Chanel, Hermès, Givenchy ou Louis Vuitton, aux ateliers de confection répartis dans toute la France en passant par les bureaux d’étude ou marques de mode… Pour arriver à une telle réussite, plusieurs éléments se combinent, soit à la fois un enseignement adapté et une sélection exigeante des étudiants. Un corps professoral proche du terrain Premier atout de taille : "l’équipe de professionnels pilotant les enseignements est largement aguerrie aux réalités du terrain", explique Blenda Clerjon. Toute cette équipe échange régulièrement avec les tuteurs des étudiants, via des visites en entreprise ou deux rencontres semestrielles, mais aussi avec l’Education Nationale, pour lui faire prendre conscience de l’évolution du terrain et adapter l’enseignement. “Pour les CAP, les diplômés sont formés aux référentiels de l’Education Nationale, à savoir des blocs de compétences, souligne Blenda Clerjon. En dehors de ceux-là, nous avons un peu de latitude pour personnaliser le programme et répondre aux besoins de nos entreprises partenaires". Cette fluidité entre théorie et pratique se traduit dans la pédagogie de l'école. “Nous avons des études de cas réel sur les problématiques de la fabrication et tout ce qui tourne autour”, indique la responsable. L’enseignement porte sur des techniques issues d’une longue tradition, comme le moulage, le patronage, la couture à la machine ou à la main. Mais depuis la fusion de 2019, il intègre aussi de nouvelles technologies - formation à la CAO, PAO et prototypage 3D. Priorité à la RSE La RSE est aussi désormais un must à l’IFM avec de plus en plus de projets axés sur le recyclage et la circularité des matériaux, l’upcycling et l’ecosourcing. “Nous sensibilisons les jeunes aux enjeux sociaux et environnementaux, explique Blenda Clerjon. Nous essayons de les pousser à faire de l’upcycling à la fois des matières et produits déjà existants, voire à introduire des matières autres que les textiles dans leurs projets”. Les étudiants peuvent ainsi utiliser des fins de rouleaux ou de stocks donnés par les Maisons partenaires. Une autre explication majeure des performances de l’école repose sur la façon dont elle choisit ses étudiants. "A l’IFM, nous formons des passionnés qui viennent découvrir la mode en commençant par les bases. Nos recrutements sont exigeants. Motivation, projets d’avenir, curiosité, minutie, patience, capacité à travailler en équipe, à répondre aux briefs et à suivre les consignes sont pris en compte tout comme la capacité à faire preuve d’intelligence sociale. Ces qualités sont constamment mises à l’épreuve puisque nos alternants sont perpétuellement en situation professionnelle, même lorsqu’ils sont en classe", fait valoir Blenda Clerjon. Une sélection exigeante Cela se traduit par une sélection stricte à l’entrée des formations. Alors qu’il y a 300 à 400 postulants par an, l’IFM ne dispose que de 45 places, “réparties en trois classes pour leur transmettre les savoir-faire dans de bonnes conditions” pour les CAP en alternance. Et il n’a que 20 places à offrir aux candidats au CAP à temps plein et aux BP ! Certes, la demande est réelle dans les Maisons, ateliers et bureaux d’études pour les étudiants formés par l’IFM... Mais faute de places suffisantes en alternance en entreprise, l’IFM préfère ne pas augmenter le nombre actuel d’étudiants. Ce qui lui demande un temps important pour bien étudier tous les dossiers et n’oublier personne. Un travail conséquent alors que les candidatures sont à la hausse ces deux dernières années, traduisant l’engouement croissant pour les métiers de la main. Des formations techniques prisées Alors que le CAP à temps plein accepte des étudiants âgés de plus de 30 ans (ce qui n’est pas le cas dans les formations en alternance), la responsable voit aussi “des personnes en reconversion professionnelle, ayant fait des études pour rassurer leurs parents. Et comme elles sont malheureuses dans leurs professions initiales, elles reviennent à leur souhait initial d’exercer un métier manuel”. Preuve de leur motivation : elles sont prêtes à investir 12 500 €, le coût de cette formation sans alternance ! L’entrée dans le giron de l’IFM de formations techniques est aussi un plus pour les futurs managers. A la demande des étudiants de ses cursus de management, l’Institut a ainsi créé un certificat pour que ces derniers puissent s’initier aux techniques de la couture, lors de sessions supplémentaires le samedi. "Pour des raisons pratiques, nous avons dû limiter les classes à une vingtaine d’étudiants mais les candidats ne manquent pas”, souligne Sylvie Ebel. Celle-ci a bien conscience du rôle majeur dévolu désormais à l’IFM dans le secteur. “On nous a confié cette école avec des formations essentielles à la spécificité de notre filière. Nous ne nous contentons pas de “garder le temple”, mais nous développons aussi les formations de ces métiers essentiels à l’industrie du luxe française. Et nous allons encore renforcer les choses”, explique la directrice adjointe. A l’image de l’industrie de la mode, alliant création et technique, l’IFM fait ainsi à la fois preuve d’imagination et de rigueur pour maintenir vivante la flamme des savoir-faire français et de leur transmission. Pour en savoir plus, découvrez le site de l'Institut Français de la Mode. Retrouvez les articles du magazine de la Maison du Savoir-Faire et de la Création ici

3 questions à… Amedi Nacer, président des Manufactures de Normandie.

« J’ai la conviction que la production française est un secteur d’avenir" Avec un chiffre d’affaires en constante progression et les grandes maisons du luxe français pour clients, les Manufactures de Normandie sont l’un des meilleurs exemples de la vitalité du Made in France. Avec son président Amedi Nacer, les dessous de cette réussite. Pouvez-vous tout d’abord nous présenter votre entreprise… Basées à Caen, les Manufactures de Normandie sont la fusion des sociétés Thierry et Fonlupt que j’ai rachetées en 2004 et 2012. Deux entreprises aux expertises très complémentaires qui nous permettent aujourd’hui de répondre aux attentes des grandes maisons du luxe français avec quatre pôles d’activités : la maroquinerie, le flou, le tailleur et le développement de nouveaux savoir-faire. La société réunit aujourd’hui 220 artisans et 14 nationalités - des français, mais aussi des afghans, syriens, chinois… Des professionnels motivés qui viennent ici avec une expérience très riche, acquise dans leur propre pays. Celle-ci est complétée par une formation « maison » que nous proposons à nos employés dès leur arrivée et tout au long de leur carrière afin qu’ils puissent acquérir l’ensemble des savoir-faire maison, comme la très exigeante « couture point main ». Deux formatrices, qui ont travaillé durant plus de 20 ans dans l’entreprise, encadrent ces temps d’apprentissage et transmettent les gestes qui sont notre patrimoine. C’est l’une de nos singularités, nous sommes à la fois une entreprise et un centre de formation. Les Manufactures de Normandie connaissent un développement continu. Quelles sont les clés de votre succès, et quels retours d’expérience pourriez-vous partager ? Notre principal atout réside dans notre volonté à nous adapter en permanence, aux marchés, aux attentes de nos clients et à celles de nos salariés. Nous avons toujours placé les besoins de nos employés au cœur des préoccupations de l’entreprise car nous considérons qu’ils sont sa première richesse. Nous attachons une grande importance à la transmission des savoir-faire d’excellence, avec une exigence qui est l’une de nos valeurs communes. Nous cultivons également un management apaisé et de proximité. Tous nos managers sont issus de l’entreprise. Nous tentons de créer les conditions pour que les employés s’investissent, qu’ils aient envie de prendre des responsabilités sans craindre l’échec. Quels sont vos projets, vos ambitions pour les 3 prochaines années ? Nous allons développer encore notre pôle formation car il contribue incontestablement à la bonne santé de l’entreprise. Nous avons aussi pour ambition d’améliorer la rémunération de nos salariés afin de renforcer la pérennité de nos équipes. Côté technique, nous travaillons à monter en compétences dans le domaine de la digitalisation, notamment de la supply chain. Nous avons créé un bureau d’études pour accompagner nos clients en étant davantage force de proposition et en valorisant l’excellence de nos savoir-faire. Enfin, nous sommes très engagés dans le domaine de la RSE et nous allons poursuivre nos actions autour de la réduction de notre bilan carbone. Autant d’objectifs qui participent à valoriser une certaine idée du Made in France auquel nous sommes très attachés. Nous avons su préserver, transmettre et moderniser des savoir-faire exceptionnels et nous avons la conviction que la production française est un secteur d’avenir, pourvu que les entreprises développent cette capacité de s’adapter, en permanence, aux attentes du marché. https://thierry-fonlupt.fr/  

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